Tu sais, quand tu as choisi de couper les ponts avec celle qui t'a mise au monde, et qu'en plus tu n'as jamais eu de maman non plus,
y'a un moment où tu sens comme une énorme absence. L'absence de quelque chose que tu n'as jamais eu, et que tu n'auras jamais.

Moi je ne l'accepte toujours pas, et je me fais du mal toute seule. Thérapie, et thérapie, pour comprendre. Mais comprendre quoi?
Je ne saurai jamais.

Tout ce que j'aurais aimé, c'est avoir une maman, que j'aurais pu appeler pour demander un conseil culinaire. C'est aussi simple que ça.

Mes parents sont séparés depuis 5 ans, et depuis ce jour, le peu de souvenirs d'enfance que j'ai, ont disparu d'un coup.
Ma mère a emporté avec elle tout ce que je possédais, comme une punition, comme pour me punir d'être restée avec mon père.

Et cette phobie est alors arrivée, petit à petit. Cette phobie d'oublier ces petits moments de naïveté, de joie, de ne rien avoir à raconter à mes enfants.
Oui, papa est là, mais il n'a jamais été très attentif non plus à ce que j'étais, par maladresse. Je ne peux pas lui en vouloir. Je l'aime trop pour ça. Mais je sais qu'il est incapable de se souvenir de ces petits détails magiques dont les mamans se souviennent. Il m'a fallu du temps pour l'accepter.

Ma vie était tellement difficile, que je m'en inventais une à l'école. Personne n'a su. Et personne ne sait. J'ai tellement menti pour cacher cette vie, que je ne sais plus distinguer les vrais bons moments, de ceux inventés.

Aujourd'hui, j'ai ces mots dans la tête, qui ne formaient avant qu'une simple phrase, qui ne signifiaient rien pour moi, et qui veulent tant dire aujourd'hui, grâce à tout ce travail que j'entreprends avec ma psychologue:

ALLER DE L'AVANT

Ma seule consolation est donc de coucher sur le papier  les  moments présents, pour construire "mon futur passé".